SUJET : [Manoeuvres] L'Empannage

Suite à une protestation véhémente d'Immobilix (Belladonna), j'ouvre une série de post sur la conduite du D-One.
Voici donc pour commencer :

L'Empannage

Pré-en-Bulles :
L'empannage sur le D-One n'est pas une manœuvre particulièrement difficile comme elle peut l'être sur d'autres bateaux.
Certes le D est toilé, et particulièrement la grand voile qui peut vous envoyer au tapis en moins de 2, mais, réalisé avec le Spi qui porte, et à pleine vitesse, le bateau est tellement prompt à accélérer qu'il n'y a pas de gros choc à condition de respecter quelques règles.

Par contre, sans le spi, dans une mer formée (par exemple à l'occasion d'un Kiwi Drop (*), çà peut devenir rapidement Rock and Roll.
(*) Le Kiwi Drop consiste à arriver à la bouée sous le vent Tribord amure (ce qui vous garanti quasiment infailliblement un engagement en position prioritaire. L'adversaire est obligé non seulement de vous laisser de l'eau, mais également de se tenir à l'écart à chaque instant de votre manœuvre. Vous avez droit à toute la place que vous voulez pour votre manœuvre d'enroulée.
Par contre, vous êtes amené à affaler le spi, tribord amure, et à enchainer empannage + enroulé de bouée, soit presque 180°
L'empannage sans spi, à plus faible vitesse, est donc réalisé avec un vent apparent plus abattu, qui peut vous coucher quand la GV passe.

Voir le Kiwi drop , ICI à partir de 1mn30 ... sauf que sur le D-One on est tout seul pour faire çà

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Voici donc la manœuvre d'empannage, décomposée, par vent de 20kts.
Le Monsieur à la barre s'appelle Tom Slingsby, probablement un des meilleurs barreurs au monde actuellement avec Ben Ainslie.

Tom Commence l'abatée ce qui lui permet de rentrer assis sur l'aile, mais toujours à l'arrière de l'aile.

On note les réglages du bateau avec le cunningham complètement relâché, ainsi qu'un volume significatif de bordure.
Le Hâle Bas est pris mais sans excès, ce qui permet au haut de la voile d'ouvrir avec la flexion du mat.

Le bateau est parfaitement plat, dans l'allure typique du D-One, peu cabré, l'étrave tout juste hors de l'eau
Tom regroupe l'écoute de spi avec la barre dans la main arrière.


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Alors que le bateau arrive à 15-10° du vent arrière; Tom continue sa trajectoire avec un angle de barre de 10-15 degrés.
En video, on constate quand même que çà tourne relativement vite.
Le stick a déjà traversé le bateau.

Tom pose le genou arrière au fond du bateau, et saisie l'écoute de spi au vent avec la main avant (gauche)
Le bateau est toujours parfaitement à plat, et au planning

Tom regarde devant, légèrement sous le vent (il regarde là où il veut aller).


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Toujours pleine balle, au planning, le bateau est presque vent arrière.

Sous l'effet de la force centrifuge, le mat entraine le bateau à la contre gite.
Pour compenser , Tom a déjà franchi l'axe du bateau, bien calé sur son genou arrière (droit) au sol.
Il utilise sa jambe avant (gauche), pour doser son passage.

Il conserve son angle modéré de barre, avec sa main arrière (droite)

La main gauche borde en grand le spi sur la nouvelle amure.
On ne voit pas bien, mais il est possible que la main gauche à se moment se saisissent aussi du palan de GV (? )

Le regard est toujours dirigé dans la direction où il veut aller.
Le spi continue de porter, et de garder le bateau au planning, ce qui minimise la pression dans la grand Voile.

On note, la dérive (noire) légèrement relevée
Le bateau est parfaitement guidé, en appui sur ses bouchains


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Le bateau passe le lit du vent.
Toujours avec la force centrifuge, le bateau possède une légère contre gite (qui facilite l'abattée)

Tom ramène la barre quasiment dans l'axe, et baisse la tête
La main avant (gauche), semble fouetter vers le centre et le bas, ce qui tendrait à prouver que Tom a effectivement saisi le palan de GV, et déclenche le passage de la GV.

Alors que le plan de voilure bascule, le corps et le poids est maintenant déjà franchement sur la nouvelle amure.
C'est cet équilibre force centrifuge, passage du poids qu'il est vital de travailler.

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Il faut mentionner ici une des erreurs classique, souvent crée par l'appréhension, qui consiste à empanner trop lentement.
Si l'angle de barre est trop faible, on a pas cette force centrifuge, et on ne peut prépositionner le poids du corps au vent avant le passage de la GV.
On tente alors de traverser le bateau en même temps que la GV, ce qui est trop tard, et trop rapide ... on est en retard et on se fait coucher.

La GV est passée.
Tom se redresse.

La main arrière (droite) (stick), a pris appui sur l'aile pour stabiliser la trajectoire pendant les mouvement du corps.
Dans sa main gaiche Tom a laché la palan de GV, et reprend le bordé d'écoute de spi, mais sans excès pour ne pas risquer de coucher le bateau sur le spi.

Pour la main droite, je n'ai pas de certitude, mais il est bien possible qu'il ai encore l'écoute au vent (on voit que cette écoute est encore tendue au niveau du point d'écoute sur le spi).

A ce moment l'impulsion sur la jambe avant (gauche) est terminée.
Tom est en appui sur son genou et sa main droite.
C'est à mon avis un point important par rapport à un empannage debout, où l'on a pas cette stabilité cruciale au moment où, il faut parfaitement doser l'angle de barre.

Et comme toujours (et aussi dans les autres sports, comme le ski) : Le regard est toujours dirigé sur la trajectoire voulue


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Vlam, la GV va prendre appui
Tom a effectué un croisement de jambe, et se trouve maintenant de nouveau en appui sur sa jambe gauche.
La main droite et le stick sont également en appui sur l'aile.

On constate que le spi est bordé toujours par les deux écoutes.
Celle au vent, est probablement toujours dans la main arrière (droite), avec le stick
Celle sous le vent (la nouvelle), est déjà en régulation par Tom.

Toujours remarquable, le regard et l'ensemble du corps est orienté vers la direction voulue.
(là où l'amateur est généralement tourné vers l'intérieur du bateau, en train de regarder ses pieds ou ses mains).

Avec l’arrêt de la rotation, la force centrifuge a disparu et le bateau ne gite quasiment pas.


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Le spi tire maintenant parfaitement et soulage l'étrave.
La GV (dont on voit bien le volume, la bordure dépasse sous la bôme) est en appui maximum.
On ne voit pas le haut de la chute, mais on voit clairement que le mat ouvre en soupape à ce moment.
Avec le spi qui tire vers le haut, çà évite au bateau de piquer du nez.
A ce moment si le spi n'avait été bordé par la main gauche, le bateau "bourrerait" dans les vagues et ne ré-accélèrerait pas.

C'est le moment du croisé de mains.
Tom s'assied sur le stick et le lâche de la main droite qui va passer d’arrière à avant.
La main gauche continue de réguler tout en venant reprendre le stick.

Le pied arrière (le gauche maintenant, passe derrière la sangle.
Le regard ... est toujours fixé sur le point de sortie.


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Le croisé de main est terminé :
La main arrière (gauche) tient le stick, et va commencer l'ajuster l'auloffée, avec la sortie au rappel.
La main avant, reprend la régulation du spi.

La jambe avant est passé derrière la sangle, prend appui et va gérer la sortie au rappel.

Le cintre avant du mat, et la forme des chutes (parfaitement parallèles ), montre que çà pousse un max dans les hauts.
Le bateau est en appui maximum sur son volume de carène (localisé sous le mat).
Il est urgent que Tom se recule pour aider au dégagement de l'étrave, et à la ré-accélération.


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Aussitôt dit, aussitôt fait, Tom sort au rappel, bien à l'arrière de l'aile.
Le bateau est remis parfaitement à plat, et reprend une petite auloffé pour créer son vent relatif.
Le mat se redresse.
Les chutes se re-ferment
Le D-One est en pleine reaccélération, "çà fume à nouveau" ... le goéland va s'envoler à nouveau

Tom, bien à l’abri des embruns a déjà le regard au loin, sur la grosse risée qui "ver-blanchit" au milieu du plan d'eau
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et le D-One reprend son vol
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Conclusion :
Ca fait beaucoup à retenir, si l'on veut imiter cette manœuvre.

Cependant, il y a quelques points fondamentaux à bien mémoriser :

1> Empanner franchement, sans appréhension, sans hésitation, ce qui permet de passer le corps avant les voiles grâce à la force centrifuge.

2> Le D-One est un des seuls dériveurs à spi asymétrique sans étai, avec un spi qui passe donc à la volée.
C'est un avantage énorme, qui permet de garder la voile en traction pendant toute la manœuvre, et donc la vitesse au bateau.
Il est donc fondamental de se saisir de la "nouvelle" écoute avant l'empannage, et de l'emmener avec soi lorsqu'on traverse le bateau.

3> Le D-One est vif et léger, il faut donc absolument être stable pendant la manœuvre, sous peine de se faire déséquilibrer avec la ré-accélération (j'en sais quelque chose, çà m'a couté une barre ).
Bien prendre appui avec la main+stick sur la nouvelle aile.

Et surtout travaillez l'empannage, pour ne pas faire les bords du cadre comme 90% des skiffs.
Dans le medium, on peut ainsi rester dans la risée au planning, pendant que les autres attendent "que çà revienne"

Dans le baston, on peut jouer les refus et descendre direct sur la bouée.
N'oubliez pas qu'avec la force de Coriolis, dans la piaule les risées arrivent généralement en veering.
On empanne donc tribord dans la molle, et on re-empanne bâbord pour prendre le refus dans la bouffe.

En principe, en D-One, vous devriez terminer le portant avec le palpitant à 180 ... on se "repose" après, au près au rappel isométrique

Idefix écrit: Je tiens à te remercier Rémi... je viens de prendre 15 ans dans les dents... quand mes parents révisaient, affichage à l'appui sur la porte des WC, les manœuvres aux bouées en préparant de TFV.

Quand à ce début de post... j'espère progresser pour un jour te faire une "protestation véhémente" sur l'eau

Pour le reste, merci pour ce post et ceux qui suivront.
La dérive légèrement relevée... petite question toute simple, as tu mis un sandow au cas où? (il n'y a pas de jeu dans le puits donc rien chez moi pour l'instant)
Et tu peux prévoir une version handicapés? , pour ceux qui ne peuvent poser leur genou gauche...

Pour la dérive, elle est parfaitement ajusté avec la crash box en delrin, donc pas besoin d'élastique.
De toute façon, le relevé de dérive se fait avant le début de la manche, (impossible de plonger dans le bateau pendant la manche avant le portant).

Pour les genoux, c'est pas simple pour moi non plus ... mais il faut vraiment une bonne pari de genouillère.
Certains empannent, debout ... (et se jettent à plat ventre sur la nouvelle aile ...), mais clairement çà ne donne pas la maitrise de trajectoire de Slingsby.
Dans tout les cas le point d'appui avec la main AR sur la "nouvelle aile" est fondamental (çà m'a pris 6 mois, pour le comprendre et maintenant çà va beaucoup mieux). Cette main permet même éventuellement de se hisser vers l'aile si on est en retard, et que le bateau part au lof.

Bon j'ai réussi à me libérer la journée de demain ... avec 10kts et le thermique en fin d'aprem, je vais pouvoir bosser un peu tout çà, j'espère

Dois-je comprendre qu'à une certaine force de vent(?), il est conseillé de remonter la dérive? Si oui de combien de cm ??? Etour toutes les allures ?