Je voyais ce post d'Alex, à propos de la communication de la régate de "La Ciotat".
IAORANA écrit:
Voici la communication sur site du club et les réseaux sociaux...
www.neptuneclub-laciotat.com/regate-skiff-2015.htmLa lecture de la plaquette m'a rendu songeur ... pour ne pas polluer le post de La Ciotat, j'ai préféré ouvrir celui ci, avec un titre volontairement ambiguë
C'est toujours un plaisir de relire avec "du recul", les articles de BSP (L'alternative skiff - en lien dans la plaquette) ...
Que reste t'il de cette soit disant "révolution culturelle de la voile légère", dont les début furent étouffés par le conservatisme des acteurs français (rien que çà) ? ...
Plus de 10 ans plus tard , cette révolution a fait "pchiiiiit", avec moins de 5% des régatiers en France.
Les jeunes rêvent du 29er qui avait toutes les qualités d'après cet article, "plus excitant", "moins cher" etc etc ... ?
En 2015 au championnat de France espoir cet été, nous avions 18 * 29er et 75 * 420
(plutôt sympa d'ailleurs cette fédé soit disant rétrograde qui continue de supporter et d'offrir un titre pour 18 bateaux !!! alors qu'il en faut minimum 30 pour n’importe quelle série adulte ...) .
Sans parler des six 29er qui commencent de pourrir sur le parking à Marseille sans équipiers pour les faire tourner
.
La France seule à bouder cette révolution ? ....
Quid de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Espagne, du Benelux ... c'est encore pire qu'en France où la situation a été partiellement sauvée grâce à l'énergie de l'équipe BSP , il faut leur rendre hommage à ce sujet !!!
Qu'est il devenu de la grande révolution, du grand vent de liberté de ces bateaux définis à l'époque ainsi :
Naviguer sur un skiff, c’est enfin mettre le plaisir de la simplicité au premier plan : légers et faciles à mettre en œuvre, ces dériveurs vont vite et glissent en réduisant au maximum les contraintes. Ils rompent avec l’idée masochiste qui consiste à faire croire que l’on ne peut prendre du plaisir en voile qu’à la condition de triturer des dizaines de bouts et autant de réglages pour gagner un quart de dixième de nœud.
Naviguer sur un skiff, c’est sans doute se recentrer sur l’essence même du désir voile : le plaisir, la glisse, la pureté des sensations et l’émotion, sentiments devenus si ténus et rares de nos jours que certains en ont oublié le caractère fondamental. Jouissez sans entrave, faites du skiff et rejoignez ceux qui aujourd’hui contribuent au développement d’une conception moderne de la voile légère.
Si je relève à cette occasion ces vieux propos de 2004, c'est pour rebondir sur l'occasion qui m'est donnée (sans vouloir faire un cours de marketing de l'innovation), de rappeler qu'une révolution se produit suite à une innovation de rupture (le kyte par exemple), mais jamais comme conséquence d'innovations incrémentales.
Or malgré le beau baratin promotionnel, les faits restent têtus ... un skiff n'est pas plus facile à mettre en œuvre qu'un 420 ou 470, et pas forcément plus facile à faire avancer. Les belles promesses de glisse infinie, se terminent souvent à l'atelier d'une part parce que les techniques mises en œuvre ne sont pas matures, et d'autre part parce que certain constructeurs ont tellement poussé la chasse au poids et aux coûts que la plage d'utilisation des bateaux se réduit comme peau de chagrin.
Concevoir des bateaux légers et sur-toilés, cultive sûrement le côté spectaculaire, mais quelle erreur d'analyse (comme il est écrit)
de penser que çà va la rendre accessible au plus grand nombre
Il n'aura pas fallu longtemps à RS Sailing pour faire "machine arrière toute" sur sa stratégie, et abandonner les bateaux trop extrêmes (300-600), pour se réorienter vers des "skiffs" grands public beaucoup plus accessibles (500, 700, 800)
Et l'on peut d'ailleurs se demander combien seront encore au catalogue dans 10ans, surtout si la boite est dirigé par un fond d'investissement
Il en est de même avec beaucoup d'entre nous qui après la "tentation du dragster", reviennent naviguer sur des bateaux plus raisonnables et marins ... le cœur des rating Fast aujourd'hui est clairement entre 900 et 1000, et çà n'est sans doute pas un hasard si la série qui croit encore aujourd'hui est celle des 4000.
Mon propos n'est sûrement pas de me réjouir de cette révolution promise, hélas sans lendemain, mais au contraire d'appeler à un peu de modestie, et de mesure dans les prédictions divinatoires du futur de la voile légère.
(Les même qui avaient annoncé la révolution skiff, nous annoncent aujourd'hui la révolution easy-sailing Aero, dans exactement les même termes (facilité, légèreté, plaisir à l'état pur, etc etc ...).
Il y a fort à parier que le résultat sera le même,
à savoir que chaque bateau prend sa place dans le monde de la voile légère, en fonction de ses qualités techniques et de construction et de son "adressable market".
Quand à "la théorie du complot" d'un petit nombre d'oligarques réactionnaires qui étouffent la nouveauté ... elle est risible (quand çà marche pas c'est la faute des autres ...).
Si certains bateaux continuent de séduire en masse c'est qu'ils ont des qualités certaines propre à faire venir les régatiers.
Les propos de "jeunisme", consistant à opposer les jeunes qui ont tout compris et leur matériel dernier cris, aux anciens réac. ne sont d’ailleurs pas constructifs pour notre sport.
Dans un sport, où l'on met une énergie énorme pour aller hyper lentement d'un point A à un point B
, la notion de plaisir n'est pas directement corrélée à celle de performance.
C'est même un des aspect très positif de la voile, où le consumérisme ("new is beautifull and better), ne marche pas ... et heureusement car on est toujours le vieux d'un autre
Les skiffs auront vite fait de rejoindre le monde des tradi face à l’apparition des foilers
...
Mais c'est une belle place
, amplement méritée, non en dénigrant les autres mais grâce à leurs qualités propres.
Have Fun ... quelle que soit votre monture !