Merci Pierre,
Intéressant cette interview ... même si c'est toujours la même interview du camps français à chaque coupe ... quand il se sont pris une raclée : exemple
Les Français à San-Diego
A chaque fois, manque de moyen, manque de temps, et cette arrogance typiquement tricolore qui laisse à penser qu'on est tellement fort, et tellement intelligent qu'avec un budget à moins de 50% des autres, et deux fois moins de temps, on peut "faire quelque chose ..."
Les hommes passent, tous extrêmement talentueux, (il y en a qui s'esbaudissent sur les olympiens dans les AC récentes, mais de Pajot à Peponnet et passant par Bouet, on a toujours eut les meilleurs de chaque époque, y compris côté architectes) ... mais les faits ont la tête dure ... le temps et l'argent sont les nerfs de la guerre (sans être suffisants d'ailleurs).
On notera cependant que Cammas est assez lucide (à 10mn) en reconnaissant que la coupe est plus une compétition d'ingénieurs que de marins ... mais j'ajouterais de politiciens aussi ... et là aussi je pense que l'analyse des évolutions est un peu fausse :
> Non, l'AC n'a pas toujours été à la pointe des performances en Voile.
Le passage de la Classe J au 12mJI après guerre était un recul des performances (sur l’hôtel des contraintes financières).
Par la suite dans les années 80, alors que les Catas battaient tous les records en voile, l'AC se courait toujours sur ces superbes pachydermes ... d'une autre époque, jusqu'à ce que les kiwis (encore eux) foutent un pavé dans la mare du petit monde de l'AC bien verrouillé par les américains, avec le monocoque géant KZ1, contrés par le cata de Conner, ce qui força la naissance de la Classe America (et permit finalement au kiwi de remporter la cup deux éditions plus tard)
> Non, l'AC n'a pas vocation à devenir un circuit de régates mondiales, sorte de rente à l'année pour compétiteurs en préretraite.
Les AC50 font le show, peuvent se déplacer dans le monde pour des régates show-biz ... mais çà n'est pas la coupe.
Et surtout les Kiwi et leurs investisseurs, petit pays aux antipodes, n'ont pas d'intérêt à diluer la notoriété aux 4 coins de la planète, avec des teams qui deviendront hors d'atteinte avec une jauge figée et une pratique régulière (comme c'était le cas avec les 12MJi).
Pour que la cup change de main, il aura presque toujours fallu qu'un challenger dynamite les règles.
- En 1988, les Kiwi dynamitent la classe 12mJI dominée par les américains et remportent la Cup sur la nouvelle Class América en 95
- En 2010, les américains hors jeu pendant 15ans, dynamitent les Class América et remportent la Cup en Trimaran
- En 2013, avec les nouveaux AC72, les Kiwi perdent de justesse (dans des conditions qui font encore débat)
- En 2017, nouveau bateau, les AC50, et cette fois les Kiwi s'imposent
C'est donc l'intérêt financier mais aussi techno-sportif des Kiwi, de tenir la Cup en mouvement d'un point de vue design.
Face à la grosse machine US, leur adaptabilité a toujours été leur meilleur atout.
> Le principe de l'AC, c'est donc le principe d'un défi sans cesse renouvelé d'architectes et de marins, et non d'une régate à intervalle régulier, sur un type de bateau avec des caractéristiques figées négociées par de organisateurs de circuit apatrides.
> Quand à l'argument financier .... une campagne d'AC c'est 120 millions d'Euro sur 4 ans ... une saison de F1 c'est 450 M€ , le budget annuel du PSG (450M€), l'OM (120M€)... la voile reste dons un sport de petits joueurs ... au niveau de son aura médiatique hélas.
Alors, la victoire des Kiwis est probablement salutaire, revenant aux fondamentaux (comme ils l'avaient fait en 1988), qui va empêcher la coupe de devenir juste une étape d'un circuit mercantile de régates de petites mobylettes volantes à pédales.
Si elle veut survivre, il faut susciter l'effet "Whaou", l'unicité du spectacle, et donc continuellement se renouveler ...
... eh oui, no pain, no gain ... et si tu n'a pas les moyens ... tu vas foiler en Nacra 17
En tout cas, comme spectateur, j'ai hâte de voir les premiers bateaux, qui seront spectaculaires, et respireront sur de vrais grands parcours adaptés à leur potentiel de vitesse