Edit : Attention au gentil monsieur de la vidéo, il s'adresse à des régatiers sur des bateaux anciens, peu puissant, avec des mats pas trop souples. Sur ton skiff ... le Cunni a beaucoup plus d'importance, surtout dans la brise.
Bon ... après avoir laissé les skiffeurs te répondre
, je vais essayer non pas de te donner des recettes toutes faites, mais t'aider à comprendre. On démontrera çà cet été, de visu, au pieds des voiles
Je vais essayer de faire (relativement) simple, je détaillerai avec un article dans veli-passions.
Je te conseil néanmoins de (re)lire l'article sur les profils :
Veli-Passions, le fonctionnement des profils
Les formes de voile :
L'article en lien, expose deux types de profil, épais et mince.
> Le profil Mince :
- Portance faible
- Trainée faible
- Incidence faible (fonctionne "proche du vent")
- Décrochage rapide (peu tolérant aux variations d'incidence)
> Le profil Epais
- Portance forte
- Trainée forte
- Incidence élevée (fonctionne à de plus grands angles)
- Décrochage retardé (tolérant)
Si on regarde donc, le type de profil souhaité, et leur distribution de bas en haut.
AU PRES
Par petit temps, généralement sur eau plate, on cherche
- un minimum de trainée
- le bateau est stable, on maximise le cap
Un cahier des charges qui correspond au profil mince.
Certes on a pas la portance maximum, mais avant tout on veut conserver les écoulements d'air, faire respirer le profil.
Les profils supérieurs ne doivent donc surtout pas refermer (la chute sera ouverte)
Le bateau n'a pas de mouvement parasite, on peu optimiser le réglage d'incidence des voile
Par medium, en particulier s'il y a du clapot, on cherche
- un maximum de puissance
- le bateau est instable, il tangue, on veut des profils tolérants
Un cahier des charges qui correspond au profil épais.
On veut mettre l'équipier full-trap (on se fou de la trainée, qui passe au second plan), donc puissance max.
Les profils supérieurs doivent donner un max (la chute sera tendue/fermée)
A chaque vague, le bateau tangue, le vent relatif (et particulier en haut de mat), change énormément en vitesse et direction, donc tolérence max.
Par vent fort en surpuissance, on cherche
- plus besoin de puissance, on en a trop, donc minimisons si possible la trainée
Un cahier des charges qui correspond au profil fin.
Puissance mini, Trainée mini
Il faut enlever à tout pris la puissance en partie dans les hauts, les profils supérieurs doivent dégueuler (la chute doit ouvrir) en haut.
Sur ton bateau tu as trois contrôles pour donner forme à ta voile (je considère pour simplifier que le mat, ou l'étai sont rigides)
- La bordure (ou la tension horizontale de l'écoute de foc), qui va principalement déterminer l'épaisseur de ton profil "en bas"
- Le hâle-bas (sur la GV), et/ou la tension verticale de l'écoute (sur les deux voiles), va principalement agir sur la chute
- Le cunningham, qui va tendre le tissus le long de l'étai (foc), ou du mat (GV).
Pour comprendre l'effet du cunni, le mieux est de prendre ... une feuille de PQ
par exemple Moltonel
, et tu tires en diagonale (deux coins opposés), un pli apparait dans la diagonale, mais surtout un creux se forme le long de cette diagonale
C'est le même effet sur les voiles, une tension sur le cunningham, va avoir trois effet :
1> tirer le tissus vers le mat (ou l'étai), ce qui a pour effet de faire avancer le creux
2> si on augment encore cette tension, en tirant le tissus vers l'avant, on l'enlève vers l'arrière ce qui va ouvrir la chute.
3> sur un mat souple, cette tension va faire cintrer, en particulier la tête de mat, ce qui aplati les profils hauts, et ouvre les chutes (en haut)
Par petit temps : on veut des profils fins, des voiles qui respirent
- On affine les profils en prenant de la bordure.
- On garde un creux assez reculé (attaque fine), donc pas de cunni
- On ne tend pas la chute pour ne pas "emprisonner" l'écoulement, donc pas de H/B et pas de tension verticale d'écoute
Par medium : on veut des profils épais, des voiles qui donne puissance max
- On creuse les profils en lâchant de la bordure.
- On empêche le creux de reculer, en prenant un peu de cunni (ce qui ramène le tissus vers l'avant)
- On tend la chute pour fermer et avoir de la puissance, donc H/B et tension verticale d'écoute
Par sur-puissance : on veut des profils fins (surtout en haut), pour libérer la puissance
- On affine les profils en prenant de la bordure (sachant que çà agit surtout sur la bas)
- On sur-tend la chute pour cintrer la tête de mat, affiner les profils hauts, donc H/B max. et si possible tension verticale d'écoute.
- On empêche le creux de "trop" reculer, et on cintre la tête de mat pour affiner en haut, et surtout faire ouvrir la chute en haut, donc Cunni Max.
Voilà pour la théorie, sachant que bien entendu, en fonction de type de mat (hauban, cale (5O5), lowers (4000), ou libre type D-One etc etc), en fonction de la coupe des voiles, tu risques d'avoir des variantes (surtout si tu as de la pétole clapoteuse, ou du médium plat
).
En général, plus çà monte, plus on prend de cunni., pour enlever les plis diagonaux qui vont du mat au point d'écoute.
Dans le baston, sur les bateaux sur-puissant type skiff ou cata, le cunni est le moyen le plus efficace de cintrer la tête de mat, ouvrir la chute, et ainsi faire dégeuler les profils en haut ... ... par contre attention, en arrivant à la bouée au vent, avant d'abattre, il faut relacher le cunni :
D'une part parce qu'au portant, à forte incidence, on a besoin de profils creux
D'autre part parce que au portant, sur certains bateaux, la pression sur la têtière, à 70-90° du vent (avant que le bateau n'accélère, ou s'il s’arrête dans une manœuvre) devient telle, que çà redresse le haut de mat, et que la tension du cunni va augmenter à tel point que çà va déchirer la voile, .... ou descendre le mat
Bon çà manque un peu de schéma tout çà, j'espère néanmoins que c'est assez clair pour une explication à l'arrache).
La prochaine fois je ferai des photos sur la GV d'Idéfix, pour illuster (dans 2 semaines)